Le programme visant à définir des orientations stratégiques et développer la coopération en économie circulaire, animé par l’AVCOI, s’est achevé au mois de juillet. Après une année d’actions multiples, les communes de l’Océan Indien en tirent un bilan très positif.
Une équipe “performante, experte et pédagogue” ; une organisation “inégalable” et “parfaite”… Les qualificatifs n’ont pas manqué, le 7 juillet à Antananarivo, lors de la restitution du programme auprès des communes participantes, venues de Madagascar, bien sûr, mais aussi des Comores, de la Réunion et Mayotte, de Maurice et des Seychelles. Les représentants, tous engagés dans l’amélioration de la gestion et du traitement des déchets sur leur territoire, ont vivement remercié l’association des villes et collectivités de l’océan Indien pour avoir animé durant un an un programme riche en formations et en actions. “J’ai appris beaucoup de choses dont je n’avais pas conscience”, a ainsi reconnu un participant.
L’objectif initial était de renforcer les capacités des seize communes inscrites, en les aidant à rédiger un diagnostic de territoire puis à élaborer un plan d’action en vue de diminuer le volume des déchets, de les collecter, les traiter et les recycler. À cet effet, le projet, financé par le programme européen Interreg, mis en œuvre par la Région Réunion, et par le fonds de coopération régionale, géré par la préfecture de La Réunion, a opté pour une formule originale : la constitution de binômes. Chaque commune était jumelée avec une consœur d’un autre pays, pour découvrir d’un côté comme de l’autre les meilleures pratiques.
Une première formation s’est déroulée en septembre 2024 à Port-Louis (Maurice), au cours de laquelle des ateliers d’intelligence collective ont permis d’aborder, sous forme de fresques, les thématiques de la biodiversité, du climat, de l’économie circulaire. À chaque étape, les communes étaient accompagnées par deux cabinets de conseil : Isodom, spécialisé dans la transformation digitale et environnementale, et Utopio, spécialisée dans l’accompagnement et la mise en œuvre de solutions pour le recyclage des matières valorisables.
En avril 2025, les équipes se sont retrouvées à La Réunion pour poursuivre la formation à travers des visites inspirantes, comme les galeries circulaires du Port ou l’incroyable navire “Plastic Odyssée“. Des rencontres avec des porteurs de projets réunionnais ont également donné des idées de réplication, en les adaptant, de solutions de recyclage. Surtout, le moment a été l’occasion de partager les diagnostics de territoire réalisés au cours des mois précédents. Il en ressort que plusieurs collectivités montrent un engagement des institutions locales et des partenariats avec des associations, des ONG, et des acteurs privés pour promouvoir l’économie circulaire, notamment à Flacq (Maurice), Victoria (Seychelles), Domoni (Comores).
De nombreux territoires ont mis en place des initiatives locales pour la gestion des déchets, le compostage et le recyclage, comme à Antananarivo et Antsirabe (Madagascar) ou La Possession (La Réunion). Partout, des efforts sont faits pour sensibiliser les citoyens et les écoles à l’importance de l’économie circulaire et de la gestion des déchets. Certains ont même élaboré des plans stratégiques ou des feuilles de route pour structurer leurs actions, d’autres ont mis en place des réglementations, comme aux Seychelles ou La Réunion.
Mais ces territoires font face à des défis majeurs dans la gestion des déchets, en raison notamment de l’absence de systèmes de tri et de recyclage efficaces, de l’existence de dépôts sauvages, avec une forte proportion de déchets plastiques et organiques. Les filières de recyclage et de réemploi sont souvent insuffisamment développées, nécessitant des investissements et des incitations pour les entreprises. Cependant, des initiatives locales, et à échelle réduite, ont vu le jour : bouteilles plastiques et canettes recyclées à Ongojou (Comores) pour fabriquer des objets artisanaux ou pour la vente de jus naturels ; recyclage de bouteilles plastiques à Moya (Comores) ; l’initiative SeyTreasure aux Seychelles ; des pavés autobloquants fabriqués à base de déchets plastiques à Antananarivo…
Les diagnostics ont permis de dresser un état des lieux, mais ont souvent manqué de chiffres détaillés sur la production de déchets, la composition des flux (déchets organiques, plastiques…), les volumes génères par l’agriculture et l’élevage, ainsi que des indicateurs environnementaux (les émissions de gaz à effet de serre) ou la qualité de l’eau et des sols.
Face à cette situation, il a été préconisé de renforcer les données, de sensibiliser et former les populations en impliquant les associations locales, les écoles et les leaders communautaires, d’améliorer la gouvernance, notamment en cartographiant les acteurs et en clarifiant les rôles pour une meilleure coordination. “On s’est rendu compte qu’il n’y a pas de petite action”, a remarqué un participant, qui se félicite de mieux savoir aujourd’hui quelles sont les mesures à prioriser. Les fiches action ont justement énuméré, pour chaque territoire, les projets à mettre en œuvre. Ainsi, à Toamasina, la commune va entreprendre de collecter les bouteilles en plastique usagées auprès des écoles, puis, dans un second temps, de la population quartier par quartier. Reste maintenant à trouver les financements auprès des bailleurs nationaux et internationaux pour que les solutions imaginées puissent se concrétiser dans les prochaines années.
Partenaires financiers
- FCR974 (Fonds de Coopération Régionale – Préfecture de La Réunion)
- UE-Interreg (OI)
- Région Réunion
- AVCOI