Élan de solidarité des communes francophones
L’Association internationale des maires francophones ou encore la Fondation de France ont collecté des fonds en faveur de Mayotte, sinistrée par le cyclone Chido.
Dès les jours qui ont suivi le cyclone Chido, qui a dévasté Mayotte le 14 décembre 2024, la solidarité a joué entre les communes de l’océan Indien. Une illustration parmi d’autres : le centre communal d’action sociale de La Possession, à La Réunion, a voté dans l’urgence une subvention exceptionnelle de 5 000€. Une goutte d’eau face aux besoins de Mayotte, mais un geste fort qui symbolise “l’élan de solidarité naturel de La Réunion”, souligne Vanessa Miranville, la maire de la commune de l’ouest.
La somme sera allouée à l’union départementale des CCAS de Mayotte, qui la redistribuera aux différents centres du territoire sinistré. La mairie de La Possession a par ailleurs centralisé l’aide financière des particuliers, qui sera versée à la Banque alimentaire des Mascareignes et à la Croix-Rouge. Les dons en nature (vêtements, nourriture, fournitures scolaires…) seront acheminés par la plateforme régionale d’intervention de l’océan Indien. Plus d’une quarantaine de cartons ont déjà été empaquetés.
D’autres collectivités, bien plus éloignées de Mayotte, ont également fait preuve de générosité. Mamoudzou a ainsi reçu une subvention de 10 000€ de la commune de Cayenne, depuis la Guyane ! Les liens entre les deux villes sont forts depuis la signature d’une convention de coopération en matière d’urbanisme. L’aide sera la bienvenue, tant Mamoudzou a souffert lors du passage du cyclone. Le toit du bureau du maire, dans l’hôtel de ville, s’est même envolé ! Rien que pour les écoles, les dommages s’élèvent à 44 millions d’euros. Aussi, l’entraide internationale, notamment de la part de collectivités de La Réunion, de métropole mais aussi de partout dans le monde, est-elle précieuse.
Une partie de ces fonds a transité par l’Association internationale des maires francophones (AIMF) , qui va elle-même débloquer un fonds d’urgence de 50 000 euros. Une convention va être signée à cet effet entre l’AIMF et Mamoudzou. “C’est la première fois que nous intervenons pour une collectivité française, remarque Hayati Hassani, cheffe de projet sur l’animation et le suivi des associations sous-régionales à l’AIMF. Précédemment, le fonds d’urgence avait été sollicité pour le Liban ou le Maroc”. Les 50 000 euros seront versés directement aux prestataires de services qui auront répondu aux appels d’offres de Mamoudzou en vue de la reconstruction de ses infrastructures. L’AIMF a également fait un appel aux dons auprès de ses quelque 220 membres à travers le monde. Une commune de Djibouti a d’ores et déjà versé la somme de 1 200 euros.
Mais la plupart des dons se sont dirigés, remarque Zainal Ambidina Ibrahim, directrice des relations internationales de Mamoudzou, vers la Fondation de France. La somme récoltée est très importante : plus de 40 millions d’euros. Madi Madi Souf, président de l’Association des maires de Mayotte, s’est félicité de cette “solidarité extraordinaire”. En revanche, les élus locaux ont regretté le choix de la fondation d’affecter les fonds à des associations ou ONG, et non aux collectivités, plus à même de prioriser les besoins. Une réunion a permis de déboucher sur un compromis. Comme les statuts de la Fondation de France ne permettraient pas de verser directement de l’argent à des collectivités, les communes vont jouer le rôle de “coordonnateur et facilitateur”, explique Zainal Ambidina Ibrahim.
Pour Mamoudzou, il a été décidé que les enveloppes de la Fondation de France seront destinées aux associations sportives de la ville, sélectionnés par la cellule de gestion des dons. “De cette façon, nous pourrons orienter les sommes là où nous savons qu’il y a de vrais besoins, et la commune pourra consacrer les subventions qu’elle accordait jusque-là à d’autres secteurs”, se félicite la directrice des relations internationales. La reconstruction de Mayotte prendra du temps, certainement plus d’un an. Au-delà de l’urgence des aides, l’AIMF est en négociation avec la fondation Bill et Melinda Gates, pour que les subventions qu’elle reçoit puissent être affectées à des dispositifs d’alerte climatique. “L’idée est d’accompagner sur le long terme les communes pour prévenir de tels désastres”, souligne Hayati Hassani.